Conférence : "Du Sifflet à l'Internet - Voyage dans les communications"

Conférence par Georges Kossorotoff :
Qu'est-ce que la communication ? C'est la transmission d'un message par différents moyens d'un émetteur vers un récepteur.


Le geste

Le moyen le plus ancien mais toujours utilisé : pour manger, pour payer, pour indiquer le chemin... Le geste de l'agent de police au carrefour, de l'hôtesse de laire dans l'avion... Le geste est compris de tous.
C'est vers 50000 ans avant J.C.  qu'apparait la parole. Désormais on va pouvoir ccommuniquer ses pensées, ses idées, ses sentiments.
C'est aussi un moyen de transmettre la mémoire des ancêtres (comme les griots en Afrique). La parole sert aussi à donner des informations : les crieurs publics, les gardes champêtres...
Mais revenons au geste.
Le geste n'a qu'une portée visuelle. Pour augmenter cette portée, il y a le cri. Pour augmenter la portée du cri, à la préhistoire, vers 35000ans avant J.C., nos ancêtres ont inventé le sifflet.

On se sert d'une phalange de renne percée d'un trou, sans doute par des crocs de loup.

Un deuxième instrument de communication apparaît vers 4000 ans avant J.C., c'est le tambour. Il est en bois, en céramique, recouvert d'une peau de bête.
Les actuels tam-tam africains peuvent porter des messages jusqu'à 25 km.
Donc à la préhistoire, comme moyens de communication, on avait le cri, le sifflet, la parole, le tambour.
 

C'est par l'écriture que nous allons quitter la préhistoire et entrer dans l'antiquité ( vers 3000 ans avant J.C.).
Bien entendu les messages sont encore transmis oralement par des messagers à pied ou à cheval.
Le messager le plus connu est PHILIPPIDES , le coureur de Marathon qui a couru 40km pour annoncer la victoire des armées athéniennes sur les perses ( 490 avant J.C.).

Un autre exemple que cite Jules César en parlant des gaulois :
quand il arrive chez eux quelque évènement d'importance, les premiers qui l'apprennent le proclament à grands cris dans la campagne, ceux qui entendent ces cris les transmettent à d'autres, et ainsi de suite, de village en village, si bien que la nouvelle traverse la Gaule avec la vitesse de l'oiseau.


Avec l'écriture on va pouvoir envoyer des messages écrits. Mais que faire si le messager tombe aux mains de l'ennemi ?
Tout simplement on va le coder. Et ce sera le début de la cryptographie.
Les procédés sont plus ou moins originaux. Jules César ne se complique pas la vie : il rempace une lettre par une autre. Une autre méthode plus originale que rapporte Hérodote : on tond le messager, on tatoue le message sur son crâne, on attend que les cheveux repoussent avant de l'envoyer chez le destinataire qui n'a plus qu'à tondre le messager pour lire le message.
Bien entendu, il ne faut pas que la nouvelle soit urgente !

C'est dans l'antiquité que l'on construit des tours pour augmenter la portée des signaux. Et c'est aussi dans l'antiquité que l'on commence à utiliser les pigeons voyageurs.
Je reviendrai sur les pigeons voyageurs qui, pendant des siècles ont été des agents de transmission.
On pense que le premier service de communication a été créé en 500 avant J.C. par l'empereur perse Cyrus avec des coureurs de relais. Les romains ont fait de même à pied ou à cheval.

Au Moyen Age, peu de changement. C'est le temps des messagers particuliers.
Les communautés religieuses ont leurs messagers.
Les universités ont les leurs.

Et les souverains ont les leurs. On les appelle les "chevaucheurs de l'écurie du roi"

En France c'est à Louis XI (1479) que l'on doit la création des relais de poste. Ces relais sont installés tous les 7 lieues.

C'est seulement au milieu du 18e siècle qu'apparaît le poste telle que nous la connaissons aujourd'hui. Sous Louis XV Paris compte neuf bureaux et 150 facteurs. Pour annoncer leur passage, les facteurs secouent une claquette dans la rue. Mais il ne s'agit que de la "petite poste" cantonnée à Paris. Ce n'est aqu'en 1780 qu'apparaît la" grande poste" dans tout le pays.

Vers  1800 apparaissent diligences et malle-poste qui transportent voyageurs et courrier.
Jusqu’ici, il n’y a pas beaucoup de changements par rapport à l’antiquité.
Toujours des messagers, à pied ou à cheval, des diligences, des relais … et des pigeons voyageurs.
Par exemple, les armateurs de Saint Malo faisaient emporter des pigeons sur leurs bateaux. Quand ceux-ci arrivaient dans un port, on lâchait un pigeon avec un message, si  bien que l’armateur savait très rapidement où se trouvait son navire et à quel moment.


 

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Dans l’armée, les ordres sont transmis par les tambours et les fifres.
Dans les campagnes, pour communiquer d’un village à l’autre, on va trouver différents procédés :
Dans le TYROL, depuis des temps très anciens, les montagnards pouvaient s’appeler de ferme en ferme, de village en village, de vallée en vallée, au moyen du yodler.
Le Yodler est l’une des plus anciennes formes de communication qui existe. C’est une technique qui utilise la voix humaine. Le yodler va devenir un chant : « La Tyrolienne ».
 
 

En SUISSE, depuis le 14e siècle, on utilise le cor des Alpes. Pour communiquer à travers les vallées. (portée jusqu’à 7 km).
 
En IRLANDE, toujours pour communiquer d’une vallée à l’autre, les paysans frappaient avec leurs sabots sur des troncs d’arbre creux.
A la fin du 17e siècle, en raison de la famine, nombre d’irlandais émigrent vers les Etats-Unis …
Avec leurs sabots. Ils continuent à communiquer par le même moyens avec les esclaves noirs.
Cette méthode va devenir une danse : la gigue, et va donner naissance aux claquettes, qui vont faire fureur aux U.S.A. en 1900.

Revenons à la fin du 18e siècle.
C’est le début des moyens modernes de communication.
Nous entrons dans l’ère des télécommunications.
Les messages pourront être transcrits en intégralité, lettre par lettre.
C’est le télégraphe CHAPPE
L’Abbé Chappe
, très peu abbé mais excellent physicien, a remarqué que pendant la guerre de Vendée, les chouans communiquaient entre eux au moyen des ailes des moulins qu’ils plaçaient de différentes façons, suivant un  code établi à l’avance.
Le procédé de Chappe consiste en trois bras articulés montés sur un poteau, lui même monté sur une tour érigée sur un point haut et à distance visuelle, avec une lunette, d’une autre tour.
Chaque position des bras signifie une lettre , que le transmetteur reproduit sur sa station et ainsi de suite, de tour à tour.
La première ligne relie Paris à Lille et le message met moins d’une heure pour arriver à destination (en 1794).
 

A partir du 19e siècle, les inventions vont se succéder.
 
C’est à partir des découvertes de VOLTA, en 1800, qui a inventé la pile électrique, puis d’AMPERE sur l’électromagnétisme, que Samuel MORSE met au point un  système de télégraphie électrique en 1832.
MORSE est peintre et sculpteur. Il est médaillé d’or en sculpture. Il fonde à New-York la Société des Beaux-Arts. Mais il s’intéresse également à la physique, et c’est après avoir eu connaissance des travaux de VOLTA et d’AMPERE qu’il a l’idée de son télégraphe.
Le matériel est très simple :
Une pile pour le courant,
Un crayon animé par un électro-aimant pour écrire sur un papier qui se déroule,
Et deux fils pour relier l’émetteur et le récepteur.
Mais qui écrit quoi ?
MORSE imagine des solutions plus ou moins compliquées mais c’est un de ses collaborateurs : Alfred VAIL, qui trouve la solution : chaque lettre de l’alphabet et chaque chiffre est composé de points et de traits, ce qui sera facilite à réaliser au moyen d’une clé établissant un contact plus ou moins long.
En fait, le code Morse aurait du s’appeler le code Vail.
MORSE dépose un brevet en 1840 et tente d’intéresser les gouvernements américains et européens à son invention.
En vain.
Mais Morse est convaincu de l’importance de son invention. Il fait le siège du congres  qui finit par lui accorder une aide de 30 000 § pour établir une ligne entre Washington  et Baltimore. C’est une réussite et 22 ans plus tard, les USA comptent 22 000 bureaux télégraphiques, le plus souvent dans les gares car les fils suivent le trajet des rails et le télégraphe sert aussi au service ferroviaire.
Pour relier l’Amérique à l’Europe, on pose le premier câble sous-marin en 1858.

 

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Quelques année plus tard, en 1876, a lieu la première transmission de la parole.
Le téléphone est né.
 

téléphone acoustique sur une passerelle de navire
téléphone acoustique sur une passerelle de navire
Tout comme le télégraphe optique de Chappe est l’ancêtre du télégraphe électrique, le téléphone électrique a été précédé par le téléphone acoustique.
C’est en 1782 qu’un jeune moine, présenté par Condorcet à LOUIS XVI a démontré au roi les possibilités de son invention. : en utilisant les tuyaux de distribution d’eau de la pompe de Chaillot, il réussit  de transmettre des messages sur 800 mètres avec succès ?.
C’est d’ailleurs ce système qui est encore utilisé dans la marine.
Il s’agit d’un tube qui relie la passerelle à la salle des machines pour permettre aux officiers de quart de garder le contact.
Pour la transmission des ordres d’allure, on utilise le Chadburn, un appareil de transmission mécanique.
Ces appareils, très fiables, ne sont plus utilisés qu’en secours sur les navires modernes.
 
 

un chadburn
un chadburn
Pour la transmission des ordres d’allure, on utilise le Chadburn, un appareil de transmission mécanique.
Ces appareils, très fiables, ne sont plus utilisés qu’en secours sur les navires modernes.
Pour en revenir au téléphone électrique, on retient la date du 10 mars 1876, date à laquelle, pour la première fois, GRAHAM BELL a pu correspondre avec son assistant, qui travaillait à un autre étage, en disant cette célèbre phrase : « Monsieur Watson, venez ici, j’ai besoin de vous ».
tout le monde retient le nom de GRAHAM BELL comme l’inventeur du téléphone.
Mais est-ce bien sûr ?
Pas du tout !
Le même jour que Bell dépose son brevet, un autre inventeur dépose le sien pour la même invention : ELISHA GRAY.
Alors, qui a inventé le téléphone ? Graham Bell ou Elisha Gray ?
Eh bien, ni l’un , ni l’autre.
L’inventeur du téléphone est un italien : ANTONIO MEUCCI.
En 1849, alors que le petit Bell a 2 ans, ANTONIO MEUCCI imagine les bases d’un téléphone et part à New-York pour promouvoir son invention .mais, comme la plupart des inventeurs, il n’est pas écouté et n’intéresse personne.
En 1874, il construit un prototype qu’il confie à la Western Union qui, 2 ans plus tard, prétend l’avoir perdu. Or, curieusement, c’est en 1876 ; c'est-à-dire au même moment, que Graham Bell dépose le brevet et, toujours aussi curieusement, va travailler pendant 17 ans avec la Western Union.
On sait maintenant que Graham BELL a volé l’invention de Antonio MENUCCI.
MUCCI intente un procès à Bell pour faire annuler son brevet mais il meut en 1896, ce qui met fin aux procédures.
Ce n’est qu’en 2002 que la chambre des représentants des USA (chambre des députés) reconnait l’antériorité et la contribution de Meucci  dans l’invention du téléphone.
 
Le téléphone va jouer un rôle très emportant dans le développement des communications.

 

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Les appareils sont d’abord manuels : il faut tourner une manivelle qui actionne une sonnerie au central téléphonique. A l »aide d’une fiche, l’opératrice du central mettra ce poste en communication ave l’appelé.
Puis le central deviendra mécanique, puis électronique.
En 1972, en Savoie, j’avais encore un téléphone à manivelle et le central fonctionnait avec des opératrices. Mon numéro était le 107 à Moutiers.
 

A partir de 1914, on va pouvoir transmettre des photos par téléphone grâce à l’invention de Edouard BELLINI. Le Bellinographe  sera très utilisé par les journalistes.

 

Un autre moyen original de transmettre les messages, mais seulement réservé aux grandes villes, c’est le réseau pneumatique ;
Des tubes sont posés dans les égouts et relient les principaux bureaux de poste. Le courrier est enfermé dans un étui qui est propulsé dans le tuyau à l’aide de l’air comprimé. A l’arrivée, le message est porté à domicile par des télégraphistes à bicyclette. Ce service fonctionnera jusqu’en 1984.
 
Nous avons vu les transmissions par messages, par divers outils, par fils, par air comprimé, etc…
Les transmissions par fils existent toujours mais maintenant nous avons aussi les transmissions radioélectriques.
 

salle de radio du Titanic (photo prise par un passager)
salle de radio du Titanic (photo prise par un passager)
En 1896, GUGLIELMO MARCONI dépose un brevet pour un système de télégraphie sans fil.
Marconi est donc l’inventeur de la télégraphie sans fil ?
Pas si sûr !
En 1943 la Cour Suprême des Etats-Unis annule le brevet de Marconi parce qu’il est prouvé qu’en 1891 Nicolas Tesla avait déjà fait breveter un système de télégraphie sans fil.
Nicolas Tesla est donc l’inventeur de la télégraphie sans fil ?
Pas sûr !
Puisque la première émission de signaux sans fil a eu lieu en 1866. Et c’est Mahion Loomis qui en a déposé le brevet en 1872.
Mais tous trois sont des précurseurs géniaux.
Et qui sont-ils ?
Mahion Loomis est américain. Il est dentiste mais il s’intéresse aux charges électriques dans l’atmosphère. Il réalise ses expériences à l’aide d’antennes constituées d’un fil de cuivre suspendu par un cerf-volant. Il démontre qu’un courant électrique est reçu à distance par une autre antenne de même fabrication.
Il va sans dire que ces travaux ont du mal à se développer en raison des obstructions qui sont faites par les  exploitants du télégraphe filaire.
Nicolas Tesla est Serbe. Inventeur génial, considéré comme l’un des ingénieurs les plus créatifs de l’époque. Il a déposé environ 300 brevets pour 125 inventions, dont certaines seront attribuées à Thomas Edison.
Marconi est né en 1874 en Italie. Mauvais élève à l’école, il est très attiré par la technique. Un physicien, ami de ses parents, l’initie à la propagation des ondes hertziennes.
Si Marconi n’a pas inventé la télégraphie sans fil, il a réussi à mettre celle-ci au point en utilisant les travaux de HERTZ (ondes hertziennes) de Branly (radioconducteurs) et de Popov (pour les antennes).
Et aussi la technique de Morse, pour la transcription.
Comme toujours, l’invention n’intéresse personne en Italie et Marconi part continuer ses expériences en Angleterre où il finit par intéresser la Royal Navy.
Il perfectionne ses appareils et augmente la portée des émissions jusqu’à 15 km.
Fort de ces résultats, il retourne en Italie où il reçoit un  meilleur accueil des officiels Elle est concluante.
En 1987, il installe son émetteur dans le port de La Spezia et réussit à communiquer avec un navire en mer, à 18 km.
C’est la première transmission terre-navire.
 

station radio d'un navire vers 1960
station radio d'un navire vers 1960
En 1899, les transmissions traversent la Manche et, à cette occasion, Marconi envoie un télégramme à Branly :
« Monsieur Marconi envoie à Monsieur Branly ses respectueux compliments pour la télégraphie sans fil à travers la Manche –stop- ce beau résultat étant dû en partie aux remarquables  travaux de Monsieur Branly –stop-« 
En 1901, les transmissions par radio traversent l’Atlantique.
Désormais la télégraphie sans fil va rompre l’isolement des navires en mer.
Elle va permettre les correspondances et sera un outil indispensable pour assurer la sécurité en mer.
En 1904, 80 paquebots en sont équipés.
En 1905, tous les navires de guerre français en sont équipés.
Les navires vont aussi pouvoir communiquer entre eux.
Le premier appel de détresse lancé par TSF provient du paquebot REPUBLIC (anglais) en 1909.
Eperonné par le paquebot FLORIDA, son appel de détresse  est reçu par les gardes-côtes U.S. et le paquebot  BALTIC. Les passagers et les membres de l’équipage sont sauvés, sauf 5 morts.
En 1912, naufrage du TITANIC. 700 passagers sauvés par le paquebot CARPATHIA, alerté par les appels de détresse émis par le TITANIC.
En 1920, le paquebot AFRIQUE fait naufrage et demande de l’aide par radio. Malgré de nombreux bateaux arrivés sur les lieux, on ne compte que 45 survivants.
 
Contrairement à ce que l’on croit généralement ce ne sont pa les radios du TITANIC qui ont inventé le signal SOS (save our soul) ou (save our ship).
Ce signal de détresse a été institué lors de la conférence de Berlin, en 1906. Save our soul n’est  qu’un moyen mnémotechnique pour s’en souvenir.
 

Transmission optique en morse
Transmission optique en morse
Je peux vous parler un peu plus des transmissions dans la marine puisque de formation je suis officier radio de la Marine Marchande et j’ai navigué au long cours pendant une dizaine d’années (avant de me consacrer aux escargots).
Mon rôle à bord était de garder le contact avec la terre et les autres navires.. A cette époque, tout le trafic s’effectuait en morse.
 
Avec l’utilisation des satellites dans les communications, la fonction d’officier radio a été supprimée en 1997 et est désormais remplacée par celle d’officier radioélectricien.
Les satellites permettent maintenant des liaisons directes avec les correspondants dans le monde entier , par téléphone, par fax ou par internet..
 
Maintenant, je vais vous parler des transmissions dans l’armée.
Je suis également concerné par ce sujet puisque j’ai fait mon service militaire au 40e bataillon de transmission, en Allemagne, à Fribourg. J’y étais instructeur radio et chef d’une station  mobile sur camion.
 
Donc, de l’antiquité jusqu’en 1900, les moyens de communication dans l’armée sont inchangés :
                Les estafettes, à pied ou à cheval.
                Les pigeons voyageurs.
                Puis le télégraphe optique CHAPPE vers la fin du 19e (mais entre places fixes)
Et pour donner les ordres à la troupe :
                Les cris.
                Les mouvement des bras.
                Les tambours et les trompettes.
 
 

Pendant la guerre de 14-18, la télégraphie et la téléphonie sont utilisées pour relier les différents postes de commandement ainsi que les unités dans les tranchées. Mais les liaisons sont filaires, des milliers de kilomètres de lignes sont tirées sous la mitraille. Ce sont les soldats du Génie qui tirent ces lignes au prix de leur vie (1 500 tu&s et pus de 6 000 blessés) ?
 
Mais quand il n’y avait plus de téléphone, plus de télégraphe, plus d’estafette, il restait encore un moyen de communication : le pigeon voyageur.
Les navires, les sous-marins, les avions de reconnaissance en emportaient et les unités à terre avaient leurs pigeonniers.
Le pigeon était souvent l’ultime recours pour réclamer du secours.
Voici l’histoire de CHER AMI, un pigeon américain.
-Le 3 octobre 1918, une troupe de plus de 500 américains est  prise au piège face à l’ennemi. Plus de munition, plus de vivres et, en plus, leur propre artillerie leur tire dessus. Ils son cernés par les allemands et seulement 200 hommes en réchappent . Aucun moyen d’appeler au secours.
Si … il y a les pigeons /
Le commandant envoie un premier pigeon avec ce message :
« beaucoup de blessés, nous ne pouvons pas évacuer »
Le pigeon est abattu par les allemands.
Un deuxième pigeon est lâché avec ce message :
« les hommes souffrent, pouvons -nous avoir un support ? »
Le deuxième pigeon est aussi abattu.
Le troisième pigeon CHER AMI est porteur de ce message :
« Nous sommes sur la route parallèle au 276,4, notre propre artillerie fait un  tir de barrage sur nous. Pour l’amour du Ciel, arrêtez »
CHER AMI s’envole, les allemands tirent dessus. Les hommes du bataillon voient CHER AMI tomber au sol, mais il se relève , reprend son vol et  parvient au quartier général de la division 25 minutes plus tard. (il a parcouru 25 miles (env  40 km)
Il a sauvé la vie de 194 hommes.
Il est grièvement blessé, à la poitrine, à l’oeil, une patte ne tient plus que par un tendon.
CHER AMI devient le héros de la 77e division d’infanterie américaine.
Il est soigné par les médecins  de lla compagnie qui lui font une prothèse pour sa patte.
Il est guéri et rapatrié aux USA par bateau ?
Le général Pershing en personne assiste à son départ.
CHER AMI est décoré de la Croix de Guerre avec palme pour son action héroïque dans la délivrance de 12 messages lors de la bataille de Verdun.
Il meurt le 13 juin 1919.
Il est empaillé et on peut le voir au musée de la SMITHSONIAN INSTITUTION à Washington.
 

Entre les deux guerres, les méthodes se perfectionnent et nous allons voir maintenant les transmissions pendant la dernière guerre.
Les communications entre les différentes unités se font maintenant essentiellement par voie hertzienne.
Pour les moyennes et longues distances, on utilise toujours le morse. Pour les courtes se sera la phonie.
Voici la photo d’une station mobile américaine avec son équipement.
Après la guerre, nous avons hérité de cet équipement et, pendant mon service militaire, en Allemagne, j’ai été responsable d’un tel « shelter ».
Avec mon équipe, on assurait nuit et jour la liaison entre d’autres stations qui se trouvaient dans différents endroits d’Allemagne. Pour les manœuvres, on attelait un groupe électrogène et on suivait le corps d’armée pour garder le contact avec le P.C.
Les postes de phonie sont souvent montés sur des Jeeps ou portés à dos d’homme.
 

Intérieur du camoin radio
Intérieur du camoin radio
Revenons à la période 39-44.
Les communications par radio sont facilement écoutées par l’ennemi. Il est donc nécessaire de les coder.
En code morse, c’est relativement facile avec des machines spéciales. En phonie, ça l’est moins. Et pour cela, les américains ont imaginé une méthode très  originale qu’ils ont appelé ‘le code Navajo »
La langue navajo est parlée exclusivement dans les tribus navajo et est complètement inconnue en dehors.
Des indiens navajo sont recrutés par l’armée américaine en tant que transmetteurs. Les messages sont échangés dans leur langue, par téléphone ou par radio.
Ce code n’a jamais pu être décrypté par l’ennemi.
Il a ensuite été utilisé en Corée et au Vietnam.
 

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Mais quand bien même ,avec tous les moyens modernes de transmission, il n’est pas possible d’atteindre l’Etat Major, quel moyen reste t’il ?
Toujours le pigeon.
Plus de 200 000 pigeons font partie de l’armée anglaise.
L’armée américaine en recrute pour le corps des transmissions.
Tous les avions de la R.A.F. en emportent. Si l’avion s’écrase, le pigeon emporte les coordonnées de la chute et les opérations de sauvetage peuvent être organisées. Ce qui a permis de sauver des milliers de vies.
Aussi, très souvent, les pigeons étaient parachutés dans des containers pour les résistants, en France, en Hollande, en Belgique. Les pigeons retournaient en Angleterre avec des renseignements sur les troupes ennemies.
Pour leur contribution à la guerre, on crée la « DICKIN MEDAL », qui correspond à la Croix de guerre pour animaux.
Le plus célèbre des pigeons se nomme G.I. JOE.
Voici son histoire :
Le 18 octobre 1943, une division américaine demandait un bombardement lourd sur Colvi Vecchia, en Italie, occupé par les allemands. Lorsque les allemands se replient, de façon inattendue, la 56e brigade d’infanterie arrive en ville quelques minutes avant le bombardement prévu.
Les contacts radio ne passent pas et les anglais vont se trouver sous le feu des américains.
En dernier recours, on envoie GI JOE pour essayer d’arrêter ce feu.
GI JOE  fait le voyage de 32 km en 20 minutes et arrive juste à temps alors que les bombardiers  sont prêts à décoller.
Comme le dit un soldat :
« S’il était arrivé cinq minutes plus tard, l’histoire aurait pu être différente ».
GI JOE  a été décoré de la médaille DICKIN par le lord maire de Londres pour acte de bravoure.
C’est le seul pigeon américain décoré par les britanniques.
 

Document fixé sur la patte d'un pigeon
Document fixé sur la patte d'un pigeon
Un autre célèbre pigeon est WHITE VISION. Il a reçu la médaille DICKIN avec cette citation :
« a délivré un message dans des conditions extrêmement difficiles et a contribué ainsi au sauvetage d’un équipage aérien alors qu’il servait dans la Royal Air Force en octobre 1943 »
En fait, il a transmis le message d’un hydravion qui avait du se poser en urgence dans les Hébrides. Les recherches étaient impossibles en raison du mauvais temps et du brouillard. WHITE VISION  a volé plus de 100 km sur une mer agitée, contre un vent fort et dans le brouillard pour donner la position de l’hydravion.
 
Depuis plus de 2 000 ans, s’il y a une constante dans les méthodes de transmission, et malgré tous les progrès techniques, c’est bien le pigeon voyageur.
Sait-on que près d’ici, et jusqu’en 1990, l’acheminement des examens, entre les hôpitaux de Granville et d’Avranches, était assuré par des pigeons voyageurs ?
 
 

Conférence : "Du Sifflet à l'Internet - Voyage dans les communications"
Revenons à la dernière guerre.
 
En plus des pigeons qui transmettaient les messages des résistants vers l’Angleterre, il y avait les postes émetteurs clandestins.
Ces postes étaient dissimulés dans des valises et les messages étaient transmis en morse.
La transmission était obligatoirement de courte durée car les allemands essayaient de repérer la position des émetteurs à l’aide de radiogoniomètres montés sur des camions qui sillonnaient les rues.
Cette chasse était très efficace car 75 % des opérateurs (pianistes) ont été arrêtés et exécutés.
 
A l’heure actuelle, tous ces moyens sont devenus obsolètes car nous sommes arrivés au siècle des communications par satellites.
 

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Le premier satellite (ECHO) a été envoyé par la NASA en 1960. C’était un gros ballon de 30 m de diamètre, recouvert d’aluminium. Il n’est resté en orbite que quelques jours. Il a fonctionné comme répétiteur.
TELSTAR, lancé en 1962, est le premier satellite privé de l’histoire. Il a permis la première transmission de télévision en direct entre les U.S.A. et la France.
Mais ce satellite n’était opérationnel que pendant 20 minutes, toutes les 2h30.
Le premier satellite réellement en orbite géostationnaire, c'est-à-dire toujours ç la même place au dessus de nous, à 36 000 km, c’est SYNCOM 3.
On considère que l’inventeur du satellite de communication est Arthur Clark. Arthur Clark est un auteur de science-fiction (l’Odyssée de l’Espace).
C’est lui, le premier, qui a exposé » le concept du satellite géostationnaire dans un article paru en 1945.
Il a été anobli par la reine Elisabeth II en 1998.
 

Enfin, voici le téléphone portable.
Et ce n’est pas aussi simple qu’il y parait : même  à un mètre, la communication n’est jamais directe entre les appareils.
Voici le cheminement de la communication.
D’abord, la voix est convertie en signal numérique (suite de 0 et de 1). L’appel est ensuite transmis par radio sur l’antenne la plus proche, qui le transmet à une station de base, laquelle envoie cet appel à une centrale (par fil ou par ondes. Le processus est inverse pour la réception. Les zones de réception, où se trouvent les antennes, peuvent varier de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres, suivant le relief du terrain.
Quand on se déplace avec son téléphone portable, il change continuellement de cellule automatiquement.
En France, on compte environ 60 millions de téléphones portables.
 
 

Nous arrivons maintenant à l’INTERNET .
L’internet, c’est une invention de l’armée américaine, sous le nom de ARPANET.
Dans les années 1960, au temps de la guerre froide, l’armée américaine a cherché un moyen de protéger ses ordinateurs, alors très volumineux et très vulnérables en cas de conflit.
Des savants, dont VINT CERF (promu officier de la Légion d’Honneur en 2014) ont résolu le problème en préconisant un système d’ordinateurs plus petits reliés entre eux par un réseau en toile d’araignées. De cette façon, en cas de destruction d’une machine , ou d’une ligne, le système continuerait à fonctionner en prenant un autre chemin de la toile.
Vers 1981, l’armée américaine crée un autre réseau :MILNET, et laisse ARPANET aux civils.
Et c’est dans les années 90 que le réseau civil prend le nom d’INTERNET., mais il est  seulement destiné aux chercheurs.
C’est un anglais, TIM BERNERS-LEE qui est le principal inventeur  du WORLD WIDE WEB (WWW), qui permet l’échange instantané d’informations. Mais c’est toujours réservé aux scientifiques.
Ce n’est vraiment qu’à partir de 1994 que l’INTERNET commence à arriver dans les foyers et permet alors un accs mondial aux communications et aux informations.
BERNERS-LEE a été anobli par la reine Elisabeth II en 2004.
 

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Donc, maintenant, on est capable de communiquer de n’importe quel oint de la Terre à n’importe quel autre point.
Mais cela ne suffit pas à nos scientifiques.
Ils veulent maintenant communiquer avec les extra-terrestres.
Et c’est le projet SETI (Search for extraterrestrial intelligence).
Depuis 1973, des radiotélescopes branchés sur la longueur d’onde de l’hydrogène sont à l’écoute des extra-terrestres.
En 1974, depuis le télescope d’ARECIBO (Porto Rico), un message a été lancé vers l’inconnu avec l’espoir qu’il sera capté et compris par d’autres êtres intelligents.
Ce message est un  résumé de notre civilisation :
      Il représente différentes formules, dont celle de l’ADN.
     Une silhouette humaine
     La population de la Terre.
     Le système solaire.
Il faut cependant noter que ce message mettra 24 000 ans pour parvenir à destination (l’amas M13) et qu’il faudra encore 24 000  ans pour entendre la réponse.
Comment sera la Terre à ce moment ?
 
50 000 ans avant nous. 50 000 ans après nous.
50 000 ans pour l’usage de la parole, 50 000 ans pour la réponse des extra-terrestres, voilà une petite histoire des communications.
 
 

Conférence : "Du Sifflet à l'Internet - Voyage dans les communications"
Illustrations et texte de la conférence de Georges Kossorotoff présentée le  24 octobre 2014  à Saint Jean le Thomas.
Mise en ligne : Roberte Nourrigat


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